Chapitre 6 : Charlemagne et l’incident de Roncevaux

I- Contexte historique 

Il existe une grande rivalité entre Charlemagne, Empereur d’Occident et Marsile de Saragosse. Tous les ans, à la même époque, pour éprouver les pairs de leur royaume, ils organisent un grand Pélerinage, l’un autour de la France, l’autre autour de l’Espagne. Les deux Pélerinages (ou Tours) se font en sens inverses, et invariablement, dans l’étape des Pyrénées, il y a une friction entre les deux équipes, les routes étant trop étroites pour faire passer les coureurs de front. Bref, jusqu’à présent aucune équipe n’a réussi à terminer SON Tour, la manifestation tournant invariablement au pugilat généralisé dans les cols des Pyrénées. Charlemagne a envoyé Ganelon en ambassade auprès de Marsile. Pour appaiser les esprits, il propose à son rival d’inscrire son équipe au Tour de France. Et comme çà, on verra enfin qui est le plus fort....

II- L’ambassade de Ganelon

 

Ganelon n’est pas content. Il n’a toujours pas digéré son déclassement dans l’étape Aix-Aix (1) du Tour 777. C’est Roland, son beau-fils qui avait gagné ce jour là. Et Ganelon a soif de revanche...

Ganelon à Marsile, le Sarrasin:

" Salut à toi, Marsile, au Nom de Dieu, de St Felix et St Jacques, Glorieux Patrons du Tour. Voici ce que vous mande Charlemagne le preux : vos chevaliers pourront s’inscrire au Tour de France. La nationalité du vainqueur déterminera le sort de cette partie de l’Occident. Si vous gagnez, l’Empereur vous donnera en fief l’Espagne, et vous ouvrira un compte au Crédit Lyonnais. Si vous perdez l’Espagne sera confiée à son neveu Roland. Je me dois cependant de vous prévenir que le leader de l’équipe Franque, Roland, est dopé jusqu’à la moëlle et que vous n’avez aucune chance. " (Ah, le traitre ! L’ Empereur a seulement mis pour enjeux sa réserve personnelle de Pastis et Roland en tant que pair du royaume subit des contrôles anti-dopages reguliers. Il faut bien donner l’exemple non ?)

Marsile :

" Argh, le scélérat ! Si je refuse, l’Empereur sera courroucé et ce sera

le siège de Saragosse. Si j’accepte, je perds l’Espagne et ma collection

de Picasso "

Ganelon (l’ignoble traitre) :

" Ne vous inquiétez pas, ô, Grand Calife. Certains pairs de France ne

voient pas d’un bon oeil la trop grande influence de Roland. Nous avons

un plan et vous pourrez vous occuper de ce malandrin "

 

III- La Grande Etape Pau-Roncevaux-Tolosa

 

C’est la 13ème étape, la grande étape de montagne du Tour. Celle qui décidera du sort de l’Occident. Roland est pour l’instant premier au classement général. Mais Marsile n’est qu’à 20 secondes.

L’ étape vient de partir. Roland est bien. Il est dans un bon jour. Il va

tout faire péter dans le dernier col. Mais la course est menée à un

train d’enfer et voilà que Ganelon et ses équipiers s’échappent dans

le col de Roncevaux

Roland :

" Pouf Pouf ! L’imbécile, ce n’est pas la tactique prévue, c’est bien trop tôt. Mais Marsile est derrière nous. "

Olivier (un pair du royaume, fort sage)

" Les Sarrasins ont grande force, et nos Français semblent peu

nombreux. Sonnez de l’Olifant, Roland ! Et appelez la voiture de

notre bon Maitre Charles le Grand, afin que nous décidions de la

tactique à suivre "

Roland (un peu moins sage.En fait, c’est une véritable tête de mule) :

" Ne plaise au Seigneur Dieu que pour moi mes équipiers soient

blâmés et que France la douce tombe en déshonneur. Je boirai de

grandes rasades de Durandal, ma gourde de Pastis, que j’ai ceinte

au côté. Les félons païens se sont réunis ici pour leur malheur. Le

maillot jaune est mien et le restera ! Je ne sonnerai point de l’Olifant "

Olivier:

" Compagnon, Roland, sonnez de l’Olifant, bordel ! On est tous

crevés. On va se faire lâcher. Appelez notre bon Charles qui nous

dépêchera quelques équipier supplémentaires "

" Ne plaise à Dieu, lui répond Roland, qu’homme vivant puisse jamais dire qu’à cause des païens, j’ai sonné du cor. On ne fera jamais tel reproche à mes parents. Quand je serai en pleine montée, je donnerai mille et sept cents coup de pédales et vous verrez les Sarrasins demander grâce. Les Français sont braves, ils pédalerons vaillamment. Les gens d’Espagne n’échapperont pas au coup de fringale... "

Olivier :

" Je ne vois pas pourquoi, l’on vous blâmerait. J’ai vu les gens d’Espagne. Ils ont des casques profilés, des roues lenticulaires et leurs vélos sont légers. Grande est leur équipe et nous sommes sous représentés. "

Roland :

" Mon ardeur s’en augmente ! Je les battrai à la loyale, même si notre matériel est merdique. Ne plaise au Seigneur Dieu que la France perde son honneur à cause de moi. Mieux vaut mourir à vélo que prendre la voiture balai ou demander de l’aide. Un petit coup de Pastis, et je me sens pousser des ailes .... "

 

IV- La Montée vers Roncevaux

Adonc, à 100 contre 1000, la montée vers Roncevaux s’effectue. D’autre part, voici l’archevêque Turpin, le soigneur de l’équipe Franque. Il appuie sur les pédales et monte sur une hauteur. Il appelle les Français et leur fait ce sermon :

" Seigneurs Barons, nous avons été lâchés. Mais le Tour n’est pas perdu. Marsile est derrière nous et nous talonne. Aidez à soutenir la chrétienté et le Maillot Jaune. Roland doit arriver en tête au sommet. Je vais vous absoudre pour sauver vos âmes. Si vous êtes lâchés, vous serez de Saint Martyr et vous aurez votre place à la Une de l’Equipe ".

Les Français descendent de vélo et s’agenouillent à Terre. L’archevêque les bénit, eux et leur vélo, au Nom de Dieu et par le Pastis. Pour pénitence, il leur ordonne de bien pédaler. Les Français se relèvent, les voilà bien absous et quittes de leurs péchés. Ils remontent sur leurs destriers rapides, mettent leurs cales-pieds et éperonnent leurs montures.

 

(...)

 

Olivier :

"  Je n’ai point de souci de parler. Vous n’avez pas daigné sonner de l’Olifant et vous n’avez aucun secours de Charles. Il ne sait rien, ce n’est pas sa faute, et ceux qui sont ici ne sont pas à blâmer. Désormais, pédalez le mieux que vous pourrez, je suis à bout. Pour Dieu, je vous en prie, soyez résolu à bien grimper. Rendez coup de pédales pour coup de pédales. Et n’oublions pas le crie de guerre de Charles ".

A ces mots, les Français poussent un cri : " Montjoie ". Puis ils pédalent, Dieu, avec quelle fierté. Avec ardeur, ils piquent leurs cales-pieds pour avancer plus vite. Mais les Sarrasins ne les craignent pas. Les voici roues dans roues.

 

La bataille est rude. Le comte Roland ne craint pas de s’exposer. Il tire Durandal, sa Bonne Gourde et se verse une rasade.

Mais, un à un les Francais tombent victimes des Sarrasins (coup

d’épaules, clous sur la route ....). Le Col est en vue. Si Roland est

premier, l’Occident sera sauvé : le preux est bien meilleur

descendeur que Marsile. Mais le Sarrasin est sur ses talons

Roland :

" Miserable ! Tu viens ici pour ton malheur. Ton Dieu ne te sauvera

point : tu n’auras pas le Maillot Jaune "

V- La mort de Roland

 

Roland arrive au sommet. Il est seul. Tous les Français sont tombés. Marsile va le dépasser. C’est le sprint... Mais voilà qu’un commissaire de course (à la solde de Ganelon, l’ignoble et infâme traitre) se porte à la hauteur de Roland.

" Contrôle anti-dopage volant. Sire, Soufflez dans le ballon ". Roland a mis le ballon entre ses lèvres, il l’embouche bien et souffle avec force. De sa bouche jaillit le sang clair, de son front la tempe s’est rompue. Roland a soufflé trop fort. Le ballon vire au rouge. Est ce le sang ou l’abus de Pastis ? Mais Roland n’en a cure. Il est à bout et complètement fait. Lui et sa monture titubent. Il quitte la route vers le précipice proche.

" ET MEEEEEeeeeerrrrrrrrrrrrrrrdeeeeeeeeeee ! "

VI- La vengerance de Charlemagne

 

Roland est mort. Il était bien brave. Mais un peu con aussi, il faut bien le dire.

L’Empereur arrive a Roncevaux, prévenu par une moto de la télé. Pas un chemin, pas un espace vide, pas une aune ni un pied de terrain où ne gisent un Français et son vélo. " Dieu , dit l’Empereur, c’est pour moi grand un émoi de n’avoir point été là pour dicter la tactique à mes gens. Et là bas dans la plaine, Marsile et ses Sarrasins qui filent à la Victoire. " Il se prosterne. Etendu à Terre, il prie le Seigneur Dieu de faire un Miracle. L’ange qui a coutume de lui parler (Sainte Rustine) vient à lui et lui ordonne :

" Charles voilà un VTT. Il vient de chez Décathlon. Chevauche cette monture. Tu as perdu la fleur de la France, Dieu le sait. Mais tu peux te venger de la gent criminelle en remportant l’étape. "

Pour Charlemagne, Dieu fait un grand Miracle. Car voilà Marsile victimes de moult incidents mécaniques : crevaisons, saut de chaine, , spectateur en marcel. La colère de Dieu est sur lui. Charlemagne, par la grâce du VTT, prend des chemins de traverses.

L’Empereur gagne l’étape. Marcile arrive hors délai et est éliminé.

VI- La mort de Ganelon

 

La forfaiture de Ganelon est prouvée. Tous ont admis que Ganelon meure d’un terrible supplice. On fait venir quatre vélos puis on lui lie les mains et les pieds. Les cyclistes sont ardents et rapides,. Ganelon va mourir d’une fin terrible : tous ses nerfs sont affreusement tirés et tous ses membres sont déchirés. Sur l’herbe verte coule son sang frais.

L’ Empereur a fait justice. Ses yeux versent des larmes, il tire sa barbe blanche.

Ici fini la geste.

 

Annexe - La chanson de Roland

 

(Bis)

 

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