Il existe une grande rivalité entre Charlemagne, Empereur dOccident et Marsile de Saragosse. Tous les ans, à la même époque, pour éprouver les pairs de leur royaume, ils organisent un grand Pélerinage, lun autour de la France, lautre autour de lEspagne. Les deux Pélerinages (ou Tours) se font en sens inverses, et invariablement, dans létape des Pyrénées, il y a une friction entre les deux équipes, les routes étant trop étroites pour faire passer les coureurs de front. Bref, jusquà présent aucune équipe na réussi à terminer SON Tour, la manifestation tournant invariablement au pugilat généralisé dans les cols des Pyrénées. Charlemagne a envoyé Ganelon en ambassade auprès de Marsile. Pour appaiser les esprits, il propose à son rival dinscrire son équipe au Tour de France. Et comme çà, on verra enfin qui est le plus fort....
Ganelon nest pas content. Il na toujours pas digéré son déclassement dans létape Aix-Aix (1) du Tour 777. Cest Roland, son beau-fils qui avait gagné ce jour là. Et Ganelon a soif de revanche...
Ganelon à Marsile, le Sarrasin:
" Salut à toi, Marsile, au Nom de Dieu, de St Felix et St Jacques, Glorieux Patrons du Tour. Voici ce que vous mande Charlemagne le preux : vos chevaliers pourront sinscrire au Tour de France. La nationalité du vainqueur déterminera le sort de cette partie de lOccident. Si vous gagnez, lEmpereur vous donnera en fief lEspagne, et vous ouvrira un compte au Crédit Lyonnais. Si vous perdez lEspagne sera confiée à son neveu Roland. Je me dois cependant de vous prévenir que le leader de léquipe Franque, Roland, est dopé jusquà la moëlle et que vous navez aucune chance. " (Ah, le traitre ! L Empereur a seulement mis pour enjeux sa réserve personnelle de Pastis et Roland en tant que pair du royaume subit des contrôles anti-dopages reguliers. Il faut bien donner lexemple non ?)
Marsile :
" Argh, le scélérat ! Si je refuse, lEmpereur sera courroucé et ce sera
le siège de Saragosse. Si jaccepte, je perds lEspagne et ma collection
de Picasso "
Ganelon (lignoble traitre) :
" Ne vous inquiétez pas, ô, Grand Calife. Certains pairs de France ne
voient pas dun bon oeil la trop grande influence de Roland. Nous avons
un plan et vous pourrez vous occuper de ce malandrin "
Cest la 13ème étape, la grande étape de montagne du Tour. Celle qui décidera du sort de lOccident. Roland est pour linstant premier au classement général. Mais Marsile nest quà 20 secondes.
L étape vient de partir. Roland est bien. Il est dans un bon jour. Il va
tout faire péter dans le dernier col. Mais la course est menée à un
train denfer et voilà que Ganelon et ses équipiers séchappent dans
le col de Roncevaux
Roland :
" Pouf Pouf ! Limbécile, ce nest pas la tactique prévue, cest bien trop tôt. Mais Marsile est derrière nous. "
Olivier (un pair du royaume, fort sage)
" Les Sarrasins ont grande force, et nos Français semblent peu
nombreux. Sonnez de lOlifant, Roland ! Et appelez la voiture de
notre bon Maitre Charles le Grand, afin que nous décidions de la
tactique à suivre "
Roland (un peu moins sage.En fait, cest une véritable tête de mule) :
" Ne plaise au Seigneur Dieu que pour moi mes équipiers soient
blâmés et que France la douce tombe en déshonneur. Je boirai de
grandes rasades de Durandal, ma gourde de Pastis, que jai ceinte
au côté. Les félons païens se sont réunis ici pour leur malheur. Le
maillot jaune est mien et le restera ! Je ne sonnerai point de lOlifant "
Olivier:
" Compagnon, Roland, sonnez de lOlifant, bordel ! On est tous
crevés. On va se faire lâcher. Appelez notre bon Charles qui nous
dépêchera quelques équipier supplémentaires "
" Ne plaise à Dieu, lui répond Roland, quhomme vivant puisse jamais dire quà cause des païens, jai sonné du cor. On ne fera jamais tel reproche à mes parents. Quand je serai en pleine montée, je donnerai mille et sept cents coup de pédales et vous verrez les Sarrasins demander grâce. Les Français sont braves, ils pédalerons vaillamment. Les gens dEspagne néchapperont pas au coup de fringale... "
Olivier :
" Je ne vois pas pourquoi, lon vous blâmerait. Jai vu les gens dEspagne. Ils ont des casques profilés, des roues lenticulaires et leurs vélos sont légers. Grande est leur équipe et nous sommes sous représentés. "
Roland :
" Mon ardeur sen augmente ! Je les battrai à la loyale, même si notre matériel est merdique. Ne plaise au Seigneur Dieu que la France perde son honneur à cause de moi. Mieux vaut mourir à vélo que prendre la voiture balai ou demander de laide. Un petit coup de Pastis, et je me sens pousser des ailes .... "
Adonc, à 100 contre 1000, la montée vers Roncevaux seffectue. Dautre part, voici larchevêque Turpin, le soigneur de léquipe Franque. Il appuie sur les pédales et monte sur une hauteur. Il appelle les Français et leur fait ce sermon :
" Seigneurs Barons, nous avons été lâchés. Mais le Tour nest pas perdu. Marsile est derrière nous et nous talonne. Aidez à soutenir la chrétienté et le Maillot Jaune. Roland doit arriver en tête au sommet. Je vais vous absoudre pour sauver vos âmes. Si vous êtes lâchés, vous serez de Saint Martyr et vous aurez votre place à la Une de lEquipe ".
Les Français descendent de vélo et sagenouillent à Terre. Larchevêque les bénit, eux et leur vélo, au Nom de Dieu et par le Pastis. Pour pénitence, il leur ordonne de bien pédaler. Les Français se relèvent, les voilà bien absous et quittes de leurs péchés. Ils remontent sur leurs destriers rapides, mettent leurs cales-pieds et éperonnent leurs montures.
(...)
Olivier :
" Je nai point de souci de parler. Vous navez pas daigné sonner de lOlifant et vous navez aucun secours de Charles. Il ne sait rien, ce nest pas sa faute, et ceux qui sont ici ne sont pas à blâmer. Désormais, pédalez le mieux que vous pourrez, je suis à bout. Pour Dieu, je vous en prie, soyez résolu à bien grimper. Rendez coup de pédales pour coup de pédales. Et noublions pas le crie de guerre de Charles ".
A ces mots, les Français poussent un cri : " Montjoie ". Puis ils pédalent, Dieu, avec quelle fierté. Avec ardeur, ils piquent leurs cales-pieds pour avancer plus vite. Mais les Sarrasins ne les craignent pas. Les voici roues dans roues.
La bataille est rude. Le comte Roland ne craint pas de sexposer. Il tire Durandal, sa Bonne Gourde et se verse une rasade.
Mais, un à un les Francais tombent victimes des Sarrasins (coup
dépaules, clous sur la route ....). Le Col est en vue. Si Roland est
premier, lOccident sera sauvé : le preux est bien meilleur
descendeur que Marsile. Mais le Sarrasin est sur ses talons
Roland :
" Miserable ! Tu viens ici pour ton malheur. Ton Dieu ne te sauvera
point : tu nauras pas le Maillot Jaune "
Roland arrive au sommet. Il est seul. Tous les Français sont tombés. Marsile va le dépasser. Cest le sprint... Mais voilà quun commissaire de course (à la solde de Ganelon, lignoble et infâme traitre) se porte à la hauteur de Roland.
" Contrôle anti-dopage volant. Sire, Soufflez dans le ballon ". Roland a mis le ballon entre ses lèvres, il lembouche bien et souffle avec force. De sa bouche jaillit le sang clair, de son front la tempe sest rompue. Roland a soufflé trop fort. Le ballon vire au rouge. Est ce le sang ou labus de Pastis ? Mais Roland nen a cure. Il est à bout et complètement fait. Lui et sa monture titubent. Il quitte la route vers le précipice proche.
" ET MEEEEEeeeeerrrrrrrrrrrrrrrdeeeeeeeeeee ! "
Roland est mort. Il était bien brave. Mais un peu con aussi, il faut bien le dire.
LEmpereur arrive a Roncevaux, prévenu par une moto de la télé. Pas un chemin, pas un espace vide, pas une aune ni un pied de terrain où ne gisent un Français et son vélo. " Dieu , dit lEmpereur, cest pour moi grand un émoi de navoir point été là pour dicter la tactique à mes gens. Et là bas dans la plaine, Marsile et ses Sarrasins qui filent à la Victoire. " Il se prosterne. Etendu à Terre, il prie le Seigneur Dieu de faire un Miracle. Lange qui a coutume de lui parler (Sainte Rustine) vient à lui et lui ordonne :
" Charles voilà un VTT. Il vient de chez Décathlon. Chevauche cette monture. Tu as perdu la fleur de la France, Dieu le sait. Mais tu peux te venger de la gent criminelle en remportant létape. "
Pour Charlemagne, Dieu fait un grand Miracle. Car voilà Marsile victimes de moult incidents mécaniques : crevaisons, saut de chaine, , spectateur en marcel. La colère de Dieu est sur lui. Charlemagne, par la grâce du VTT, prend des chemins de traverses.
LEmpereur gagne létape. Marcile arrive hors délai et est éliminé.
La forfaiture de Ganelon est prouvée. Tous ont admis que Ganelon meure dun terrible supplice. On fait venir quatre vélos puis on lui lie les mains et les pieds. Les cyclistes sont ardents et rapides,. Ganelon va mourir dune fin terrible : tous ses nerfs sont affreusement tirés et tous ses membres sont déchirés. Sur lherbe verte coule son sang frais.
L Empereur a fait justice. Ses yeux versent des larmes, il tire sa barbe blanche.
Ici fini la geste.
Un jour dinventer les cols,
Cest ce Sacré Charlemagne,
Sa-Cré Char-Le-Magne !
(Bis)